mardi 17 septembre 2013

Fillon seul contre tous


Quelle mouche brune a piqué François Fillon ? Lui qui au lendemain de l'élection présidentielle perdue n'avait pas de mot assez durs contre la ligne Buisson, qu'il rendait responsable de cette défaite et affirmait avoir toujours combattu, le voilà désormais qu'il appelle à mots couverts à des alliances électorales avec le FN. A l'UMP nous avions d'un côté le Fillon modéré, de l'autre le Copé flirtant avec l'électorat frontiste à coup de pains aux chocolats. Il semble désormais que les rôles soient inversés.

Et c'est justement cela qu'il faut comprendre. Car ces déclarations ne sont pas un simple dérapage, d'autant plus que l'intéressé persiste et signe, mais le fruit d'une stratégie réfléchie et assez limpide quand on comprend que Fillon ne s'adresse pas en premier lieu aux Français ou à l'électeur moyen, mais à l'appareil de l'UMP et à sa base. J'entendais l'autre jour à la radio évoquer la possibilité d'une exclusion, vite écartée par les dirigeants du parti. Or le simple fait qu'on évoque cette possibilité à propos d'un personnage aussi important que François Fillon, premier ministre pendant 5 ans, presque vainqueur de l'élection interne à la présidence du parti, le seul fait que cette simple possibilité d'exclure un membre d'un tel poids politique soit évoquée en public alors qu'elle n'aurait jamais dû franchir les portes du siège du parti est un événement d'une portée si considérable que je m'étonne qu'elle n'ait pas généré plus de débat.

En réalité la stratégie de Fillon est simple, parfois jusqu'à l'absurde : faire et dire le contraire de ses adversaires. On l'a vu depuis quelque temps face à Hollande (sur la Syrie notamment), on le voyait aussi depuis longtemps face à Copé mais sur des question plus internes à la droite et à l'UMP. Mais c'est la première fois que cette stratégie aboutit à une telle inversion de valeurs, au point selon Jean-Pierre Raffarin de mettre en danger le "pacte fondateur" de l'UMP, et sa persistance dans ses propos est la preuve de la détermination de l'intéressé.

Au fond Fillon se moque bien du FN et de ses idées, voire même des voix qu'il pourrait y gagner (car il risquerait d'en perdre tout autant côté centre). Le véritable objectif est de s'imposer en recours, non seulement contre la gauche, mais aussi contre son propre parti, quitte à se retrouver seul contre tous, voire à voler de ses propres ailes avec son mouvement France.9 (de ce point de vue, une exclusion serait une bonne affaire, et ses adversaires le savent). Et on sait à quel point les Français aiment les aventuriers solitaires.

4 commentaires:

  1. Je ne sais pas si on hypothèse est exacte mais je pense qu'il a la seule stratégie qui tienne... Si tu lis les blogs réacs, tu verras qu'il a gagné, il torpille un retour de Nicolas Sarkozy.

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    1. Oui c'est la réaction (dans tous les sens du terme :) de l'électorat de droite au sens large à propos de ces déclarations qui m'a amené à cette conclusion. Ça participe d'une certaine marinisation des esprits à droite, et l'affaire du bijoutier de Nice en est une preuve parmi d'autres (*). Je n'avais pas pensé à la place de Sarkozy dans cette histoire mais je pense que tu as raison. Et dans un sens, il reproduit l'attitude de Sarko l'iconoclaste providentiel face à Chirac : la rupture toussa.




      (*) Par contre à un moment il faudra bien rappeler que l'insécurité actuelle s'est développée non grâce à la politique laxiste de la gauche, mais malgré la politique de la droite, vu que le code pénal n'a pas changé depuis le 6 mai 2012.

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  2. Bien plus malin qu'il n'en a l'air le Fillon.

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    1. Oui, un peu comme certains autres illustres François trop souvent sous-estimés par leurs adversaires avant qu'ils se fassent battre les uns après les autres...

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